du mardi 12 au jeudi 16 en détail

Arafura
Mon 18 Oct 2010 11:10
11.48s 100.14e

Mardi 12 octobre

On se réveille le matin avec quelques cadeaux de la mer : Un poisson volant sur le pont qui a dû avoir des problèmes de communication avec la tour de contrôle et un calamar malchanceux qui s’est retrouvé sur notre plage avant.

C’est un grand jour puisque Laurent s’est décidé à faire du pain. Le four étant remplacé par une cocotte minute, nous sommes un peu sceptiques (oui Alain, comme la fosse) sur le résultat obtenu. Après avoir pétri « Brigitte », l’avoir laissé reposer puis repétri puis re-reposé, Brigitte est prête pour la cuisson et nous attendons le résultat avec impatience. A la sortie de la casserole, surprise. Brigitte est dorée croustillante et vraiment bonne. Avec le (ou la) Nutella embarquée, c’est un délice.

Sinon, rien de plus pour cette journée, toujours cette houle du sud qui vient taper le côté du bateau alors que les vagues dues au vent nous autorisent quelques surfs. On traverse de temps en temps des grains orageux qui nous rincent et qui nous donnent quelques rafales pas trop méchantes.

Mercredi 13 octobre

Après un petit déjeuner avec les restes de Brigitte, nutella, miel œufs brouillés et mangue, nous décidons de tenter de pêcher. On n’a pas investi dans tout ce matériel pour le laisser au fond du bateau. On essaye de mettre un leurre, de la forme d’un poisson avec deux hameçons triples devant et derrière. Le premier mètre de la ligne (côté leurre) est constitué d’un câble pour pas que certaines dents affûtées ne puissent sectionner notre ligne. Après de longues heures d’attente, en attendant le son de la clochette Coca-Cola faite maison, nous nous rendons à l’évidence. A part des plastiques, on n’a rien remonté. On avait pourtant bien regardé les meilleures heures de pêche avec le GPS. Peut-être le bateau va-t-il trop vite pour ces poissons flemmards qui n’ont pas envie de nager à 6 nœuds pour rattraper un faux poisson ?

Le soir, la houle s’est franchement levée, le vent a forci. Avec la nuit, toutes les sensations sont multipliées. On a l’impression de bondir à 15 nœuds, d’être entourés par des vagues gigantesques. On se retrouve dans une marmite de sorcière, avec des vagues dans tous les sens. On passe une nuit infernale, sur le qui-vive. On est vraiment fatigués.


Jeudi 16 octobre

Les conditions se sont calmées, il fait beau, un vent sympathique de 15 nœuds et une houle normale, qui ne dépasse pas 2 mètres. Ca fait du bien d’avoir une accalmie après une nuit aussi agitée. Nous devons arriver à Christmas Island dans la matinée.

Pour l’heure je suis à la barre et j’aperçois entre les lignes de houle un petit nuage de vapeur à la surface de l’eau. Je loffe un peu pour me rapprocher. Une baleine se repose à la surface, immobile. Une vraie baleine, c’est incroyable, je n’en avais vu que sous mon parapluie, jamais je n’aurais imaginé passer si près d’une bête aussi grande. Cette apparition nous laisse sans voix, quelle chance d’en croiser une dans cette immensité et quelle chance aussi de ne pas l’avoir heurtée !

Dans les nuages de l’horizon, une ombre se dessine. C’est bien Christmas Island. Je remets un peu de toile pour accélérer un peu. Nous filons à 9 nœuds, avec des pointes à 13 nœuds, ce qui n’est pas trop mal avec ce bateau. On se fait un petit déjeuner copieux avec une dizaine d’œufs de peur de se faire confisquer tous nos produits frais. En effet, en Australie, on ne plaisante pas avec les importations et les bateaux doivent arriver avec les cales vides.

L’île se rapproche de nous, à moins que cela ne soit le contraire. Laurent nous fait la lecture de la page Wikipédia que nous avons imprimé sur chacune des escales. C’est un île volcanique habitée par moins de 2000 âmes qui vit essentiellement de l’exportation de phosphate. Christmas devient assez prisée des éco-touristes pour l’observation des oiseaux. C’est vrai que depuis l’apparition de l’île, on croise des oiseaux jamais vus jusqu’ici. On suit le waypoint sur le GPS qui est sensé nous amener jusqu’au mouillage. A cet endroit, rien, que des falaises malmenées par la houle. Nous continuons notre chemin et apercevons un cargo qui remplit ses cales au bord d’une énorme installation métallique qui descend le long de la montagne. Laurent me dit que c’est notre destination. Je suis très déçu de devoir mouiller à côté de site industriel mais nous devons nous plier aux lois australiennes en contactant, la police et la douane. On nous répond qu’il faut s’amarrer à une grosse bouée de 2m de diamètre. Après l’attente des douanes qui ne viendront pas, nous décidons d’aller à terre. Une blondinette nous attend et nous dit avec un accent australien à couper au couteau qu’elle n’a aucun document à notre sujet, qu’il aurait fallu les avertir avant de notre arrivée. On a déjà fait un visa, il nous semble que c’est déjà pas mal. La blondinette nous embarque dans son gros pick-up pour faire les formalités. Sur le chemin, elle nous fait la visite du bled. Les maisons ressemblent à des cages à lapin longues et tôlées, des bâtiments pour les ouvriers apparemment. Arrivés au Q.G de la police et des douanes tout se passe bien. C’est un peu long mais à côté de l’Indonésie c’est presque trop facile, trop rapide, trop gratuit.

En sortant, on se promène un peu dans le village, il n’y a pas grand-chose à part cette usine à phosphate. Il est maintenant 13h30 et nous recherchons de quoi nous nourrir. Rien à l’horizon, tout est fermé à part un restaurant chinois. Rien de surprenant puisque l’île est peuplée d’australiens mais aussi beaucoup de chinois. Ce premier contact avec la nourriture terrestre ne nous laissera pas des souvenirs impérissables et nous remarquons que les prix sont franchement élevés. Nous payons ainsi 10x plus cher que ce que nous payions en Indonésie. Une petite sieste pour nous récompenser à bord d’Arafura en attendant le steak à l’australienne que nous rêvons déjà de manger.

On peut dire que l’on a raté notre sieste puisque nous nous réveillons vers 6h. Non pas 18h mais 6h du matin. On a bel et bien raté notre steak.