Le 15 décembre 2011: petite décharge d`adrénaline à Chichime ; 09:35.24N 78:52.86W.

Nous avons
profité d`un relatif beau temps pour filer sur Porvenir, se mettre en règle
auprès des autorités kuna, faire quelques courses à Wibchuala et arriver en
milieu d`apres-midi à Chichime. C`était une très brève accalmie, car depuis le
soleil se montre peu et il pleut, il pleut, …. Ce matin,
on a été réveillé par l`éolienne qui s`emballe et le vent qui hurle dans le
gréement. Notre anémomètre indique
des rafales à plus de 35 nœuds. Ce n`est pas un petit grain comme d`habitude, il
n`y a pas de pluie et ça n`a pas l`air de se calmer. On est un peu inquiet mais
confiant en notre bonne ancre spad qui n`a jamais dérapé, même sous des rafales
à plus de 40 nœuds au Cap Vert. On met notre nez dehors. Aie ! Le bateau de
Marco dérape et file inexorablement vers la petite ile à 3 palmiers qui indique
l`entrée du mouillage. Il ne peut rien faire, son moteur est en panne, nous non
plus, il y a trop de vent pour s`aventurer en annexe dans la baie. Heureusement,
le vent le pousse vers le banc de sable et non pas vers les coraux.
A notre
tribord, un bateau suédois arrivé la veille lui aussi dérape. Le capitaine, un
très vieux monsieur et sa dame sortent en panique, en slip et petite culotte.
Monsieur est à la barre, moteur à plein régime et sa femme à l`avant, essayant
de remonter la chaine à la main. Le voilier fait un étrange ballet autour de sa
chaine. Il avance très vite rendant impossible la remontée de l`ancre et son
capitaine contrôle mal la barre. A intervalles réguliers, il fait un tour
complet autour de sa chaine. Le voilier derrière lui dérape aussi. On comprend
plus tard que c`est certainement les suédois qui lui ont emporté leur ancre. Ils
se réancrent, redécrochent, les suédois continuant leur ballet absurde devant
leur proue. Finalement, ils prennent la décision de partir vers le large, sage
décision, même si elle est inconfortable. Le terrain
de jeu des suédois s`agrandit, mais ils s`approchent de plus en plus de Yapa. On
ne comprend pas ce qu`ils font, le monsieur à fond les manettes tournant autour
de son ancre et la dame à l`avant tirant sans effet sur la chaine, aux risques
de se faire très mal. Ils passent derrière nous, à notre babord. Hicham sort les
pare-battes, au cas où. Clarisse est elle aussi en alerte, Marwan dans le
porte-bébé. On suit anxieusement leur évolution. Tout d`un coup, Hicham dans une
fureur noire s`écrie `Non, ils ne vont pas le faire !!!`. Mais si, ils le
font. Ils passent à l`avant de Yapa en zigzaguant et ce qui devait arriver
arriva, ils emportent notre ancre. Branle-bas de combat. Hicham file à l`avant
en donnant ses instructions à Clarisse. Clarisse et Marwan sont à la barre
jouant sur les gaz pour maintenir Yapa face au vent et lutter contre 30 nœuds de
vent pour avancer lentement pendant qu`Hicham ramène la chaine. On se réancre
plus loin, on sent un petit ressaut, Yapa se stabilise face au vent, on est
réancré ! Le vent se calme un peu. Thomas qui suit depuis son bateau le
ballet absurde des suédois en panique, va les aider. En 5 minutes, il règle le
problème, les suédois se stabilisent sagement. Il nous racontera plus tard que
dans la panique, ils avaient remonté la chaine en oubliant de détacher le bout
accroché à la chaine qui permet de diminuer la tension de la chaine sur le
guindeau. Le bout était coincé dans le barbotin et rendait impossible la
remontée de la chaine. Madame ne voulait pas le couper, aller savoir pourquoi,
et Thomas a du faire preuve d`autorité pour qu`elle lui apporte un
couteau. Le vent
s`est calmé, on est tous réancrés. Il est temps d`aller porter secours à Marco,
échoué sur sa petite plage. Les kunas sont les premiers sur les lieux et le
ramène sur leur lancha. Il trouve refuge sur un bateau ami. Le vent se calmant,
son bateau se déséchoue tout seul. Les copains viennent en force pour déplacer
son bateau et le réancrer plus près de l`ile principale. Pas trop de casse, son
safran est touché, mais réparable. |