Du 09 juillet 2013 au 28 juillet 2013. Baie de Taiohae, Nuku Hiva. 8:55.08S 140:05.67W.
Nous atteignons l’île de Nuku Hiva dans la nuit. Encore une fois, nous sommes allés trop vite par rapport à nos prévisions. Le vent était au rendez-vous. Nous sommes même montés jusqu’à 30 nœuds de vent en quittant les côtes de Hiva Oa. La navigation a été un peu pénible sur la fin, car nous avons essuyé grains sur grains. Nous nous sommes réveillés sous une petite pluie fine, encore une fois, dans un cadre majestueux. Nous sommes, en effet, entourés de montagnes, avec des dizaines de cascades dévalant les sommets. Nous ne tardons pas à aller à terre. Ici, c’est la ville, au moins 2000 habitants, 4 petits supermarchés et une dizaine de restaurants!! Il y a aussi un petit hôpital qui assure les soins de première nécessité, internet à haut débit dans un petit restaurant, bref le luxe urbain. La ville est étalée dans l’espace, constituée uniquement de petites maisons sur un seul niveau, à dimension humaine. Nous sommes encore une fois frappés par la propreté des lieux. Les jardins aussi bien que les espaces publics sont bien entretenus. Il n’y a rien qui traîne par terre. Les marquisiens sont là aussi très accueillants et n’hésitent pas à s’arrêter pour nous prendre en stop. Par contre, même si il y a des plages dans la baie, on n’a pas très envie de se baigner. Nous avons aperçu des ailerons de requin près du quai. Les pêcheurs vident leurs poissons sur le quai ce qui attire ces prédateurs. On a vu également des requins chasser autour du bateau. L’eau n’est pas claire, les rivières se déversant ici dans la mer. Dans ces conditions, un requin qui n’a en général aucune appétence pour l’homme peut se tromper et croquer un bout de jambe ou autre. C’est arrivé récemment à un jeune garçon faisant du surf sur la plage. Il faut savoir cependant que ces accidents sont extrêmement rares. Ce serait le deuxième en 20 ans, et à chaque fois des surfeurs. Mais bon, on ne préfère pas tenter le diable. Marwan a d’ailleurs très bien compris notre interdiction de se baigner. Il n’aime pas trop les requins non plus. Dans ces eaux bourrées de planctons, on assiste fréquemment à des scènes de chasse où l’on voit de gros thons sauter par moment hors de l’eau. Il y a aussi des raies mantas qui viennent se nourrir en groupes autour des bateaux et même des tortues. Ce qui fait avant tout l’intérêt de cette île, c’est l’intérieur des terres. Nous avons loué deux 4x4 pour visiter l’île avec des amis: Guido, Geli et Luk sur Saïram, et Laetitia, Bernard et leurs 2 enfants Antoine, 1 an, Arthur, 3 ans sur Nomanie. Nous avons rencontré ces derniers à Taiohae. Ils ont un bateau en aluminium de la même dimension que nous, 36 pieds et viennent du Chili où ils se sont pas mal baladés (Canaux de Magellan et même un petit tour en Antarctique) tout en travaillant en France. C’est cool de rencontrer des parents avec de jeunes enfants. Il y a maintenant une bonne équipe de foot, Marwan, Luk, et Arthur. Ils ont tous des caractères assez différents et ça se bagarre pas mal. La ballade en voiture était magnifique mais assez éprouvante, surtout pour moi qui souffrait de cette route chaotique interminable. J’ai eu un peu peur de faire un problème obstétrical. On a compris pourquoi, ils avaient tous des 4x4, ce n’est pas pour frimer!!! En effet, on roule parfois sur de la très bonne route bien entretenue, le plus souvent en béton, puis d’un coup sur des pistes caillouteuses, interminables. On passe fréquemment du bord de mer à la montagne dans des paysages à couper le souffle. Nous partons de Taiohae jusqu’à Taipivai vers le Nord-est de l’île. La route est en bon état, elle serpente dans les montagnes où règne une végétation tropicale: hibiscus, bananiers, arbres à pains, manguiers, …. A la sortie de Taipivai, nous décidons de visiter le site archéologique de Puake, à 500 mètres à pied de la route. En fait, nous mettons bien une demi-heure pour parcourir ces 500 mètres sur un petit sentier de montagne au milieu de la jungle. On ne peut s’arrêter pour souffler car des fourmis nous grimpent sur les pieds. On est des vrais touristes, en tongs et en shorts avec des bébés et jeunes garçons dans les bras et les épaules. Nous sommes des proies faciles pour les moustiques qui se font un régal. Il y a cependant quelques beaux tikis (ce sont des représentations humaines de divinités polynésiennes qui datent du XVème siècle pour certains) perdus au milieu d‘une végétation dense. Nous reprenons la route vers la baie d’Hatiheu. Nous nous arrêtons dans un très beau site archéologique, accessible de la route et très bien entretenu. Chacun y trouve son bonheur, vieilles pierres et pétroglyphes (gravures sur pierre de dessins dont la signification n’a pas encore été percée) pour Clarisse, arbres fruitiers pour Hicham et jolies petites graines rouges pour Marwan. Nous avons pu récolter du cacao, des goyaves et des papayes. La collecte des papayes est un peu périlleuse, j’en ai fait les frais. Nous lorgnions une belle et grosse papaye bien mûre sur un papayer assez haut. J’ai secoué l’arbre et Hicham était là pour la réceptionner. Malheureusement, elle a éclaté à mes pieds et me voilà recouverte de pulpe de papaye. Heureusement qu’il y avait un point d’eau pour nettoyer la cata. A Hatiheu, les routes se séparent, soit vers la baie d’Anaho réputée très belle, soit vers le nord pour continuer notre tour de l’île. Nous étions déjà tard dans l’après-midi et c’est avec regret que nous renonçons à voir la baie d’Anaho pour poursuivre notre tour de l’île. Nous empruntons une piste chaotique, traversons des rivières à gué, dans une végétation dense et nous dirigeons vers Aakapa dans le Nord-est de l’île. En route, nous récoltons mangues, citrons, goyaves et pomme-cannelle. Après Aapaka, nous atterrissons dans une jolie vallée plantée de cocotiers. Nous croisons des chèvres et des chevaux en liberté, en grand nombre. Ici, le paysage commence à changer, on aborde la Terre Déserte, au Nord-est de l’île. Cette partie de l’île est peu couverte de végétations et fortement exposée au vent. Il n’y a pas d’habitations. Nous croisons de nombreux chevaux sauvages. La piste se poursuit sur plusieurs kilomètres dans cette terre aride avec de jolis points de vue sur la mer avant de retrouver enfin la route carrossable. C’est la route qui conduit de l’aéroport jusqu’à Taiohae. Elle serpente dans les montagnes jusqu’à une altitude de plus de 800 mètres. Les arbres tropicaux sont remplacés par des forêts d’épineux et un vent frais s’engouffre dans les voitures. Nous sommes en pleine montagne jusqu’à une brume épaisse qui dans la nuit rend difficile notre avancée. Que de paysages différents pour une si petite île (30x20 km)!!! Le mois de juillet et en particulier le week-end du 14 juillet est un mois de fête, ‘Heiva’: chants polynésiens, danses, bâtons de feu et d’autres spectacles comme des courses de chevaux, de pirogues et d’autres plus originales comme le plus grand buveur de bières (Hicham manque d’entrainement et n’a pas participé…) ou le plus rapide décortiqueur de noix de coco ont lieu dans toutes les îles. Taiohae fait la fête tous les week-end. Mais bon, on ne fait pas que se promener et faire la fête. Hicham s’est attaqué à un gros chantier. Tout le vaigrage qui a une dizaine d’année s’est décollé d’un coup dans tout le bateau, dans la cabine arrière, mais aussi dans la salle de bains et la cabine avant. Il s’est donc improvisé tapissier et avec les copains, Guido et Bernard, ils ont pu donner à Yapa une nouvelle jeunesse. Les petits travaux, bricolages, réparations, rafistolages n’en finissent jamais sur un bateau et agrémentent aussi notre quotidien. Nous attendons ainsi une bonne fenêtre météorologique pour nous diriger vers les Tuamotus, dit ’l’archipel dangereux’, en raison de ces nombreux atolls rapprochés et dont l’entrée est difficile. Nous ne pourrons malheureusement voir les autres baies de Nuku Hiva, ni la belle île de Ua Pou, mais il est temps de se rapprocher de Tahiti, car Clarisse entre dans son sixième mois de grossesse. |