Le 16 décembre 2011: chronique d`un naufrage annoncé.
Lin a acheté il y a 3 mois un vieux ketch en acier de 10 mètres stationné à Chichime. L`ancien propriétaire, Sébastien, avec un crédit supplémentaire que lui a accordé Lin, a pu ainsi se racheter un bateau plus gros pour faire du transit de `backpackers` entre la Colombie et Panama . Lin ne connait absolument rien aux bateaux, à la navigation et ni aux manœuvres. Il a une vision romantique de ce qu`est la vie sur un bateau et s’imagine que ce n`est pas plus compliqué que de conduire une voiture. Petit à petit, il fait connaissance avec toute la clique de Chichime. Malheureusement il ne reçoit pas du tout l’accueil escompté. Il pensait un peu naïvement qu’il suffisait d’avoir un bateau et d’aimer la mer pour être accueilli à bras ouvert dans cette nouvelle famille…tout le monde se fout de lui quand il explique qu’il vient de s’acheter un voilier sans rien connaitre à la navigation, pas même les bases, et qu’il pense pouvoir apprendre tout seul, avec sa vision romantique que la mer le guidera dans son apprentissage. C’est un suicide! Un peu comme quelqu’un qui chercherait à mourir comme James Dean dans une voiture de sport à 180 km heure alors qu’il ne sait même pas conduire! Il pense qu’on essaie seulement de l’effrayer. Il se referme sur lui-même et cesse d’écouter les conseils et avertissements que chacun lui prodigue. Quelques uns ont quand même essayé de l’aider et ont fait une sortie avec lui pour lui apprendre les bases. Lin a voulu rester le capitaine à son bord et n`a pas pris les instructions des uns et des autres au sérieux ce qui a passablement énervé ces derniers. Je crois que le point d`orgue a été quand Lin a sorti sa guitare alors qu`il était à la barre au milieu des cayes. Il a réussi à se mettre tout le monde à dos, même les bonnes volontés. Il y a quelques semaines, il a tenté une sortie seul. A peine sorti, un grain est arrivé et il s`est retrouvé le bateau couché, travers au vent, écoute de génois bloqué. Il a dû finalement se résoudre à sectionner l`écoute de génois pour pouvoir rentrer à bon port. Heureusement que le moteur marchait ! Il faut croire que ça ne lui a pas servi de leçon. Les conseils d`autres capitaines, y compris Hicham, n`ont pas non plus eu d`effets. N`y tenant plus, il est reparti, seul, sans GPS, sans sondeur, sans pilote automatique, sans savoir prendre un ris, dans des eaux bourrées de récifs et un alizé qui souffle fort et il s’est échoué misérablement le jour même à moins de 3 miles de Chichime. Dans la panique, il a évacué les lieux en laissant la descente ouverte, le bateau s`est rempli d`eau. Le soir même, 30 nœuds de vent et une forte houle ont fini d’achever le bateau… Lin a été recueilli chez les indiens kunas de l`ile qui l`ont hébergé, nourri et entouré de leur bienveillance. Ils n`ont rien pris sur le bateau. Les pilleurs ont été cette fois-ci d`autres `plaisanciers`… Cet exemple nous fait dire que contrairement à ce qu`on a pu dire précédemment les cas de pillage de bateaux échoués ne sont peut-être pas dû aux kunas mais bien aux `copains` de mouillage.
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