Canna, le 17 juillet 2008

Les Hébrides auront été fidèles à leur réputation. Nous avons d’abord attendu deux jours dans le très actif port de pêche de Stornoway, en particulier un dimanche où , pour raison religieuse, tout était fermé y compris le golf et le tout neuf centre sportif où nous prenions notre douche. Puis le lundi nous sommes partis malgré le vent contraire et nous avons tiré de nombreux bords devant les iles Shiant, sans presque les voir, pour atteindre le mouillage réputé sûr de l’ile Scalpay. Après que le bateau ait dansé pendant trois heures au bout de sa chaine sous l’effet des raffales nous avons découvert ce qu’est le fameux kelp écossais, une algue très résistante qui empeche l’ancre de s’enfoncer dans la vase. Après quelque temps l’algue se détache du fond et l’ancre avec ! Heureusement que nous étions vigilant et en urgence nous nous sommes amarrés avec l’aide des pêcheurs a une jetée qu’ils utilisent pour décharger leurs bateaux. Ouf ! Nous y resterons 36 heures. Puis nous avons pu repartir pour le sud des Hébrides dans des conditions très sportives et éprouvantes : 40 milles avalés en à peine plus de 5 heures, soit pres de 8 nœuds, au milieu des grains et d’une mer formée, en réduisant puis relachant les voiles constamment. Chaque jour est une victoire !

Après ces cinq ou six jours de tempête le mouillage de Loch Skipport au sud des Hébrides nous a paru un havre de tranquilité : un grand lac fermé de tous cotes par des hauteurs de lande déserte occupée par quelques moutons et chevaux, paix et solitude assurés. Et aussi l’envie d’aller parcourir le lendemain ses environs avec l’annexe. Lorsqu’au matin le plafond nuageux s’est enfin ouvert sur un ciel bleu la tentation était grande de rester… Mais nous sommes partis pour la traversée du Little Minch vers l’est et l’ile de Canna. Bonne décision, une navigation superbe au portant, l’été étant de retour après un mois d’absence. Deux basking sharks de 4 ou 5 metres, des phoques… nous ont acceuillis sous les falaises vertes d’une très jolie petite ile. Mais aujourd’hui nous sommes a nouveau piégés par la brume, la pluie et la menace d’un coup de vent dans ce très joli mouillage.

Tobermory, le 22 juillet 2008

Deuxième nuit éprouvante à Canna où le coup de vent annoncé me fait dormir dans un sac de couchage sur un banc du cockpit en surveillant d’un oeil les embardées de notre Alila… et des autres bateaux. Il y en a 15 dans le mouillage depuis l’arrivée dans l’après-midi d’un rallye-croisière sur le thème du whisky et au petit matin il y en a quatre ou cinq en train de chercher à remouiller leur ancre… Nous aurons bien tenu. Encore une victoire.

Puis dans la queue de cette tempête nous avons rejoint, heureusement au portant dans une grosse mer, la cote Ecossaise et plus particulièrement le Loch Nevis et le petit village d’ Inverie au pub réputé le plus inaccessible d’Ecosse…Il n’y a pas de connection par la route au delà des montagnes, seulement par bateau. Le pub a installé des bouées pour ses clients éventuels. Le soir, fruits de mer et bière au menu !

Encore une belle journée de navigation sportive dimanche vers le Loch Moidart, réputé l’un des plus beaux mais aussi l’un dezs plus difficiles d’accès : trois milles de louvoyage entre les cailloux, mais au bout un mouillage dans la nature sauvage au pied d’un vieux château de carte postale au milieu de son ile. Mais comme tout n’est jamais parfait le fort courant nous fait déraper et nous laissera inquiets le reste de la nuit. Nous seronbs récompensés de nos efforts par un magnifique lever de soleil sur le château. Enfin lundi matin nous avons rallié Tobermory et la civilisation. Le petit port est célèbre et très fréquenté à cette saison par les Anglo-Saxons. Nous retrouvons touristes, supermarché et internet. C’est la fin d’un extraordinaire périple dans les latitudes septentrionnales dont nous garderons inévitablement la nostalgie.

Prochaines étapes : Ardfern marina, Port Ellen sur Islay, Bangor en Irlande du Nord.