Sommaire du jour
Le Peuplement de Rapa Nui
L'aspect de l'île au moment du débarquement des premiers hommes
Moyens de subsistance
Habitat des pascuans
Quelle densité de population?
Quant aux oreilles?
Fin de message et suivant (photos)
Bonjour,
Si le puzzle est incomplet quant à l'origine et à la datation de
l'arrivée des premiers hommes en terre pascuane, la suite est plus
lacunaire encore. La plupart des narrateurs s'en sortent en faisant
appel aux multiples légendes glanées auprès de vieux rapanui. Il est
vrai que les premiers habitants se transmettaient oralement, de
génération en génération, l'histoire de leur peuple, les hauts faits
des guerriers et surtout la généalogie des grands chefs. C'est une
coutume très répandue en Polynésie également.
Je n'évoquerai ici que les faits avérés et les questions en suspens.
Le
Peuplement de Rapa Nui
L'aspect de l'île au moment du débarquement des premiers hommes
Rapa Nui n'a pas toujours présenté l'air désertique qu'elle montre
aujourd'hui. Lors de l'arrivée des premiers hommes, elle était
recouverte d'une végétation endémique. Grâce aux analyses
polliniques, les chercheurs ont été capables de désigner au moins
huit espèces végétales présentes sur l'île. Dont les deux
principales étaient l'acacia (sophora toromiro) et le palmier
Paschallococos disperta. Ce palmier est caractérisé par une
croissance lente. Il demande entre 40 et 60 ans avant de présenter
ses premiers fruits et donc, son moyen de reproduction. Cette
longévité est à comparer avec l'espérance de vie des Rapa Nui qui se
situait autour de 30 années. Cette lenteur à se reproduire est à
mettre en parallèle avec la dégradation que subit au fil des
siècles, l'île entière. D'autres études ont permis de déterminer que
l'île n'était pas seulement couverte de palmiers et d'acacias.
Ainsi, l'étude des combustibles d'antan a révélé une flore ligneuse,
et quatorze espèces d'arbres sont venues s'ajouter aux huit espèces
découvertes au travers des analyses polliniques. Les dernières
études ont également prouvé la brusque disparition des arbres entre
le seizième et le dix-septième siècle.
Moyens de subsistance
Les premiers hommes ont apporté sur leurs pirogues le mode
alimentaire qu'ils pratiquaient dans leurs îles d'origine : poules
(rats comestibles?), igname, taro, banane, canne à sucre, arrow-root
(Fécule comestible extraite des rhizomes ou des bulbes de diverses
plantes tropicales) et la patate douce. Ces aliments de base les
sauvèrent de la famine, lorsque plus tard la forêt fut dévastée. Au
début de leur établissement, la présence de bois leur permit de
construire des pirogues capables de les emmener en mer pêcher pour
le clan.

Habitat des pascuans
Bien que l'île présente une végétation accueillante, elle est en
tout point différente de la terre d'origine des Rapanui. Située vers
le 27°sud, ils ne vivent plus dans un climat tropical qui facilite
énormément le quotidien des Polynésiens, mais sur une île battue par
les vents, où la température descend en hiver sous les 15 degrés, et
où les pluies moins abondantes rendent le terrain plus aride. Autour
d'eux, l'océan est le plus souvent déchaîné.
Les Rapanui adaptent leur habitat aux conditions. Ils protègent leur
famille des intempéries en choisissant des cavités naturelles
engendrées par le sol volcanique, ils bâtissent des villages dont
les maisons étaient de facture inaccoutumée. Le soubassement est
fait de murets de pierres creusées de cavités celles-ci accueillent
des perches de bois qui supportent un toit végétal. Une seule
ouverture donne accès à l'intérieur. Celle-ci est si exiguë qu'il
faut y pénétrer en rampant. Cette absence d'orifices est
représentative d'une nécessité de se protéger contre les éléments.
Ces maisons sont de forme ovale. La largeur maximum est d'à peine
quatre mètres. En revanche, elles sont très longues, certaines
mesurant plus de quarante mètres.

Un tout autre type d'habitations est visible sur les sommets du
volcan Rano Kau sur le site d'Orongo. A flanc de falaise, cinquante
trois maisons de type presque troglodyte sont entièrement faites de
pierres plates empilées et adossées à la pente du volcan. L'entrée
est similaire à celles précitées. Les habitants durent renoncer à
leurs toits traditionnels, car les matières végétales n'auraient pas
résisté aux vents forts et constants de ce site. Ces maisons nous
font beaucoup penser à celles qu'on trouve en Lozère et sont
l'oeuvre d'un peuple doué d'une industrie de la pierre au plus haut
de son art. Quelques maisons du même type se trouvent sur le site de
Tahai, non loin du village principal.
L'île était divisée en une dizaine de clans, tous organisés autour
du "ahu", l'autel où étaient dressés les Moai. Les noms de ces clans
étaient : Aka'hanga, Anakena, Heiki'i, Mahetua, Taha'i, Tepe'u,
Tongariki, Va'i Mata et Vinapu (aujourd'hui, les principaux sites
archéologiques de l'île).
Quelle densité de population?

Du creuset de la population initial naquit un nouveau peuple. Au vue
de la quantité de soubassements de maisons trouvés, Jared Diamond a
estimé le nombre d'habitants entre 9000 et 15 000 entre le XVIe
siècle et le XVIIe siècle. Mais là encore, les experts se
chamaillent, et certains ingénieurs agronomes, comme Daniel Taruno
déclarent la chose impossible : "Il semble impossible qu’une société
néolithique qui ne connaissait pas la roue et n’élevait pas de bêtes
de trait ait pu développer la productivité agricole au point de
nourrir 15 000 êtres humains sur 165 km², soit 90
habitants/km²". Selon Marcel Mazoyer et Laurence Roudart, auteurs de
"la monumentale Histoire des agricultures du monde" : "une telle
densité représenterait trois fois celles de la Grèce et de l’Italie
antiques. L'agriculture pascuane se situerait ainsi presque au
niveau de productivité du système agraire ultra-performant de
l’Egypte pharaonique."

Il reste une question de taille : Combien d'hommes se sont succédés
sur les chantiers de sculpture des Moai? Car les 887 Moai sont bel
et bien présents et attestent d'une dépense d'énergie qui
nécessitait des hommes.
Quant aux oreilles?
Courtes ou longues? Esclaves ou dominants? Guerres de clans ou
révolte des dominés?
Tout le monde a en tête ce dessin d'un Rapanui aux longues oreilles.
On lit de tout, sur la nation qui occupa l'île. Le refrain préféré
est celui qui met en scène des hommes aux longues oreilles qui
auraient exigé d'une caste inférieure (aux courtes oreilles) de
bâtir les fameux Moai. Tout au plus, peut-on dire qu'il existait bel
et bien une mode de la déformation de l'oreille sur l'île de Pâques.
Le navigateur hollandais, Roggeveen en fait une description assez
précise en 1722 : "Il faut savoir que dans cette population, les
jeunes ont le lobe de l’oreille étiré, une petite partie est fendue
et la rondelle blanche est insérée dans cette ouverture puis poussée
vers la partie la plus large en la fermant. Quand ils étaient aux
travaux des champs ou nageaient, ces pendants d’oreilles étaient
incommodes. Ils les retiraient et relevaient le lobe de l’oreille
vers le haut, ce qui leur donnait une étrange apparence comique."
Alfred Métraux, ethnologue suisse, qui publia de nombreuses études
qui font loi, rajoute quelques détails : "Le percement des lobes de
l’oreille et l’agrandissement de ce trou par l’insertion de feuilles
de canne à sucre roulées ou autres objets se font comme dans les
temps anciens. Les plaques ornant les oreilles faites à partir de
plantes ne sont pas les ornements les plus couramment remarqués, il
y a des vertèbres de requin, des morceaux de bois ou d’os"
Prochain épisode : Phase mégalithique ou l'âge d'or des Moai
Nat et Dom
www.etoiledelune.net
Sources
http://www.jeanhervedaude.com/Ile%20de%20Paques%20Toromiro2.htm
Aux confins de la Polynésie, l'île de Pâques Michel Orliac Chercheur
au CNRS
Courtoisie : Archives d’Etat de Hollande Journal de Jacob Roggeveen
Découverte de l’île de Pâques.
L'île de Pâques Alfred Métraux Gallimard, Paris, Nouvelle édition
1980
Documentation du Musée Englert de Rapanui
wikipedia_ile de Pâques
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