Pourvu que ça dure ... !
MANIHI
Bertrand
Wed 4 Dec 2013 17:01
14:43.25N 34:52.95W
9:45 heure locale
Cette nuit nous avons enfin eu un vent régulier pas très fort mais qui nous
a permis de bien avancer en gros dans la bonne direction, Ste Lucie, pour ceux
qui n'ont pas suivi le début ! Ce matin l'état du ciel avec ses bancs de nuages
et ses grains (averses très locales) coiffés d'un gros nuage, et la vitesse du
vent qui semble, restons prudent, s'établir autour des 13-15 nds nous font
penser que, peut-être, nous avons enfin trouvé les alizés. Confirmation dans les
deux jours qui suivent ! Pourvu que ça dure ...
Cette année, pas de chance avec les alizés. Normalement, en général, en
moyenne, la plupart du temps, selon la littérature, selon les marins, selon les
récits, selon la météo marine, selon ce qui ce dit dans tous les bistrots de
ports, en décembre les alizés sont établis ! C'est à dire que l'anticyclone des
Açores est assis à sa place et qu'il lance son manège des vents autour de
lui.
Un anticyclone c'est une zone où la pression atmosphérique est plus forte
que autour de lui. La taille d'un anticyclone est variable ; celui des Açores
fait autour des 800 à 1000 km en général, en moyenne, la plupart du temps ...
Dans un anticyclone, la pression repousse l'air à l'extérieur en le faisant
tourner dans le sens des aiguilles d'une montre autour de lui. Parenthèse :
c'est vrai dans l'hémisphère nord. Dans l'hémisphère sud, les vents
tournent en sens inverse à cause d'un certain Coriolis (Voir Wikipédia pour plus
d'info) ! Donc, l'anticyclone des Açores, quand il est à sa place, c'est à
dire centré en gros sur les Açores, génère des vents qui, au nord, vont d'ouest
en est (ce qui amène régulièrement régulièrement sur la France toutes les
dépressions pluvieuses), et qui, au sud installe un flux régulier de vent
partant des Iles Canaries et descendant en arrondi jusqu'aux Antilles et qu'on
appelle les Alizés (Trade Winds pour les anglophones) ; en gros la ligne rouge
sur Yellow Brick.
Cette année, sa majesté Anticyclone des Açores a déclaré forfait. Tout
petit, faible, ridicule, titubant d'un méridien à un autre. Personne pour faire
la circulation sur l'atlantique nord ! Alors tout le monde en profite ... Des
vents locaux s'installent sans se préoccuper des voisins, des zones où il n'y a
pas de vent apparaissent sans rien demander à personne ... Depuis le départ et
jusqu'à hier ça a été un peu ça ... le b... bazar !!! Pas de bol ! Mais c'était
une bonne expérience quand même. Nous aurons vécu plusieurs facettes de
l'atlantique (les plus "soft" ; au nord c'est plus viril !).
Note : ces explications ultra-simplifiées n'ont aucune prétention
scientifique. La météo est un science très complexe. Et si un météorologiste me
lit, il faut qu'il sache ô combien je respecte son métier !
Normalement dans une course, le jeu consiste à optimiser la VMG. La VMG,
"Velocity Made Good", "Vitesse Faite Bonne", littéralement ça ne veut pas dire
grand chose ! Disons plutôt "La bonne partie de la vitesse". Pour la
définir on peut dire que c'est la vitesse à laquelle on se rapproche d'un
objectif (Ste Lucie, pour nous).
Par exemple si on se déplace exactement dans la direction de Ste Lucie à 6
nds, la vitesse à laquelle on se rapproche de Ste Lucie, la VMG, est de 6 nds ;
assez intuitif jusque-là ! Si maintenant on tourne à 90° et on navigue
perpendiculairement à la direction Ste Lucie, on ne se rapproche ni on ne
s'éloigne de Ste Lucie. La vitesse à laquelle on se rapproche de Ste Lucie, la
VMG est 0 nds. Pas très efficace ! Maintenant un cas moins stupide et plus
fréquent, le bateau se déplace toujours à 6 nds à un cap à 60° à droite ou à
gauche de la direction de Ste Lucie, il se rapprochera quand même mais moins
vite ; dans ce cas précis, la VMG sera de 3 nds. Pour les matheux : VMG =
Vitesse bateau x cos (angle entre cap bateau et direction objectif). Dans le
dernier cas : VMG = 6 nds x cos (60°) = 6 x 0.5 = 3 nds.
Tout ça pour dire que jusqu'à hier, nous nous préoccupions plus d'éviter
les obstacles des dépressions et des pétoles que d'optimiser notre VMG.
Maintenant qu'il semblerait (conditionnel de journaliste prudent) que nous
soyons sous les alizés, cela devient notre objectif de navigation. Des fois, il
vaut mieux ne pas aller directement vers l'objectif, parce que grâce au vent
nous nous rapprochons plus vite de lui. Clair ? Toujours pas ? C'est pas grave
... La terre continuera à tourner
Allez, à demain. Là, j'ai soif !
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