Nefaiu, Vava'u - Kingdom of Tonga

Canopus 3 on the Blue Water Rally
Jean Michel Coulon
Sun 15 Jun 2008 12:59
(MP)
En route de Rarotonga à Niue, on avait eu le plaisir de deux beaux couchers de soleil, le 4 juin au soir
 
et le samedi 7 juin
 
 
En mer, vendredi 13 juin 21h30
Cette semaine aura été une semaine sans jeudi, perdu au passage de la ligne des 24 heures. Nous voici donc maintenant en avance sur la France de 13 heures ! En fait Tonga est à l'est de la ligne mais le roi ne supportait pas l'idée d'être le dernier et à l'occasion de l'an 2000 a décidé d'avancer le calendrier d'une journée, espérant ainsi avoir un avantage marketing décisif pour attirer les milliers de touristes avides d'être les premiers à passer dans le nouveau millénaire. Il y en a eu nettement moins que prévu mais les fêtes étaient grandioses et les Tongais très contents de faire la fête !
Le vent est grand frais: force 7, oscillant entre 25 et 35 noeuds en permanence. Comme cela dure depuis quelques jours, la houle est forte et les vagues impressionnantes, de 4 à 5 mètres de creux. Les crêtes déferlent régulièrement et le nez comme l'arrière du bateau trainent dans l'eau de temps en temps. Des paquets de mer balatent le roof ou même éclaboussent le cockpit. On est très roulés, tangués et secoués.
Le ciel a été plutôt gris avec passages pluvieux et éclaircies.
Mais on a pu passer l'essentiel du temps dans le cockpit, à lire, rêvasser, ou se laisser bercer par tous ces balancements du bateau.
Il y a maintenant un peu de lune, voilée par les nuages, je voyais Saturne tout-à-l'heure.
Je porte mon gilet et suis attaché à l'anneau de sécurité près de la barre. L'attache est élastique et me permets d'accéder au PC et au réfrigérateur. Mais écrire trop longtemps est diificile et perturbant. Je retourne prendre l'air.
 
En mer, samedi 14 juin 6h35
Ce perpétuel balancement est finalement fatiguant, on dort moins bien; il y a toujours plus de bruits: des choses qui bougent dans les placards, les casseroles qui tintinabulent, un cordage qui frotte sur le pont au-dessus de ma couchette, et puis les surfs qui font vibrer la carène, et ces brusques plongées où Canopus se couche et tout qui est irrésistiblement attiré d'un côté; dans son demi sommeil alors on se met en tension en écartant pieds et mains pour se retenir pendant que les entrailles elles continuent à riper... Et les passages pluvieux sont de plus en plus fréquents, nous obligeant à fermer l'habitacle. Inconfortable !
Enfin, on a bien avancé avec ce vent: 190 milles en 24 heures, du 8 noeuds de moyenne, avec des pointes à plus de dix noeuds, et nous voici à 30 milles de la pointe Nord Est de Vava'u, qu'il faut contourner par le nord pour entrer dans la passe. Puis il faudra louvoyer entre ilôts, iles et hauts fonds pour rejoindre l'ile principale de Vava'u et ancrer dans le port de Neiafu vers 14-15h...
Ce groupe d'iles de Vava'u, qui est fermé par un récif au sud, est aussi une curiosité géologique: il s'agit d'une énorme plaque de calcaire, soulevée du fond de l'océan sous le poids des volcans qui ont poussé plus au sud; façonnée par l'érosion, elle s'incline doucement dans la mer vers le sud, expliquant ainsi les hautes falaises rébarbatives sur la côte nord de l'ile principale et les innombrables ilôts de la partie sud, plus ou moins grands ou petits et de plus en plus bas sur l'eau...
 
Nefaiu dimanche 15 juin 11h00
Arrivés samedi à 15h00 sous une pluie battante, au point qu'on voyait plus rien au-delà de 30 mètres par instants, avec toujours un vent de 25/30 noeuds, heureusement dans le nez, nous permettant ainsi de rester à l'abri (excepté pour le malheureux équipier sorti sur le pont pour essuyer deux fois par minute le pare-brise et repérer les bouées du chenal)...
D'abord les formalités: dès 15h30, cinq fonctionnaires sont arrivés quasi en même temps: Douanes, Immigration, Santé, Quarantaine et un cinquième bureau non identifié. Ils ont défilé l'un après l'autre devant Jean-Michel et son crayon bille, chacun avec son carnet de récépissés pour les droits encaissés y compris un forfait "overtime" pour les avoir fait travailler un samedi, tout en descendant ma réserve de Coca Cola (la Santé a pris une bière).
Puis on est allé s'amarrer un peu plus loin de l'autre côté de Port of Refuge, à une bouée disponible en attendant qu'une place se libère côté ville. On a passé la soirée sur le bateau. Jean-Michel et moi sommes plutôt de tempérament casanier et plus attirés par la perspective de se coucher tôt que par les aventures gastronomiques dans lesquelles nous entrainait Robby - surtout après une nuit de veille très agitée. J'ai fait une blanquette de veau (viande achetée à Papeete) avec les moyens du bord, en mettant du chou à la place du blanc de poireau, et ma foi cela avait toute l'apparence et le goût d'une blanquette.
Et nous avons bien dormi, le bateau ne bougeant absolument pas tellement c'est bien abrité, malgré encore de nombreuses rafales de vent et de pluie.
Ce matin, encore un peu de vent mais nettement plus modéré, et toujours des nuages - ces trois dernières semaines nous avons à peine vu le soleil, quelle différence avec la première traversée ! Douche, nettoyage, curetage, rasage et lessive, nous voici tout propres, prêts à descendre à terre à la
recherche d'un café internet et/ou d'une carte wifi... Une bouée du bon côté vient de se libérer, nous y fonçons.
22h00
On a la carte wifi, déjeuné d'un fish & chips dans le seul troquet ouvert du quartier - le dimanche à Tonga est un jour sacré et tout est fermé sauf quelques cafés pour les touristes non pratiquants et les boulangeries après 17h suite à un décret pris après un cyclone et jamais abrogé depuis malgré les tentatives de certaines églises...
A 17h00, Richard, du support Bluewater Rally, a tenu avec sa faconde habituelle son briefing au Paradise, le grand hôtel du coin. Le restaurant du Paradise (le seul ouvert ce dimanche soir) avait une allure si sinistre que nous nous sommes réfugiés sur Canopus pour diner de côtelettes d'agneau et pommes de terre sautées avec un petit coup de rosé !