pureté monacale du large et le prosaïsme des pubs, de la bière et des administrations

Arafura
Thu 24 Mar 2011 19:50
Une semaine de mer et déjà de retour à terre... Le temps passe vite, quoique lorsque le vent s'absente, le temps paraît s'allonger de manière presque insupportable tant la perspective de rester englué dans un calme blanc semble effrayante et angoissante pour l'équipage d'Arafura, habitué somme toute, au rythme de vie trépidante de l'Occident...

Sept jours et six nuits en mer. C'est peu mais c'est fort, tant les nuits ont été belles, tant la houle fut longue et haute, tant le clapot fut anarchique, tant les étoiles furent brillantes et si intimement lointaines (pas de pollution lumineuse de grandes métropoles. Le bruit de torrent du sillage que trace Arafura lorsqu'il file à dix noeuds nous manque aussi. Les voiles qui se marient avec les airs galopants des alizés sont tristement roulées autour de nos mâts spaghetti en carbone qui inquiètent tous les observateurs qui doutent de leur solidité tant leur finesse étonne. Pourquoi faudrait-il donc que solidité rime systématiquement avec lourdeur et absence de grâce? Une pensée aussi pour les dauphins, requins, poissons volants, méduses et oiseaux croisés durant cette traversée: Ces créatures n'ont besoin de rien pour vivre, enfin ils n'ont pas besoin de frigo, de voiles, de bibliothèques, de recettes de cuisine ni de longues études pour trouver du travail et vivre une vie de voyageurs dans le grand bleu. Ils sont impressionnants d'indépendance.

En mer, la vie est vraiment simple. Les quarts, la route à suivre, les réglages à faire pour que le bateau continue à avancer et à sourire, et bien entendu la grande rêverie qui donne à nos esprits domptés par les obligations de la vie moderne une nouvelle plage de liberté qui est immense... De retour sur terre, le contraste est saisissant: le bruit est partout, les règles et autres voitures de police également. Nous comprenons les dérives métaphysiques de Moitessier mais on ne se refait pas: nous ne sommes ni des dauphins, ni des méduses et ni des albatros et nous conservons nos besoins de terriens et acceptons avec plaisir l'alternance des plaisirs, à savoir la « pureté monacale » du large et le prosaïsme des pubs, de la bière et des administrations plus ou moins douées pour martyriser les voyageurs.

Le grand large demeure donc conseillé à toute personne qui a envie de se sentir un peu méduse, un peu dauphin et un peu albatros. C'est bon d'avoir l'illusion d'être un animal sauvage le temps d'une brève excursion parmi la grande houle du Sud.

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