06 août 2013, 20H00 HL; Anse Amyot, Toau. 15:48.19S 146:09.17W.

Yapa around the world
Benmoussa Hicham
Wed 7 Aug 2013 07:45

Nous sommes enfin arrivés à destination après quelques mésaventures. Nous avons, en effet, vécu une journée riche en évènements.

Tout a commencé, dès mon changement de quart, à 4 heures du matin. Le vent avait complètement tourné à l’Ouest-Sud-ouest, quasi de face. On avait du mal à maintenir notre cap malgré l’aide du moteur et on se trainait à 3 nœuds. Il nous restait une cinquantaine de milles à parcourir. Après calcul, ça nous faisait arriver tard dans la nuit, dans une anse qu‘on ne connait pas. On a réfléchi à plusieurs plans de replis, s’arrêter à Aratika à une vingtaine de milles de là. La passe est étroite avec de forts courants et le lagon bourré de patates. Aujourd’hui, le ciel est couvert avec une visibilité mauvaise. Petit à petit, on se faisait à l’idée de ralentir le rythme pour n’arriver que le lendemain matin et passer une autre nuit en mer, quand un bon vent de secteur Sud-est, force 4, s’est levé, permettant de reprendre de la vitesse à 5-6 nœuds et un bon cap. Nous pensions que c’était gagné, quand nous entendons un message de panne-panne sur le canal 16 de la VHF (c’est le canal des urgences en mer).

Le message n’était pas très clair, mais petit à petit nous débrouillons l’histoire. Il s’agit d’un bonitier en panne de moteur du fait de batteries défectueuses. Nous appelons le MRCC avec le téléphone satellite (c’est le CROSS de Polynésie, c.à.d. le centre de secours en mer) qui est à la recherche de ce bateau qui avait déclenché sa balise de détresse plus tôt le matin. Nous leur donnons les infos que nous avons et nous nous proposons de dévier de notre route pour essayer de les aider. Le bonitier nous donne leur position GPS, ils ne sont qu’à 3 milles à l’Ouest. Nous les repérons assez rapidement, rentrons les voiles et tentons une première approche. Entre temps, un avion d’observation nous survole et se tient au courant des évènements par VHF. Nous essayons, dans un premier temps, de nous mettre à couple, le but étant de leur transférer une batterie. C’est une tentative qui se soldera par un échec du fait de la houle et surtout de la casse sur Yapa: un chandelier cassé et le balcon avant tordu. Nous nous amarrons à leur arrière et réfléchissons à une solution pour leur transférer la batterie. Hicham leur envoie une drisse, accroche la batterie sur la drisse et la fait glisser jusqu’à leur bateau. La batterie prend plusieurs fois l’eau et heureusement ne heurte aucune tête. Malheureusement, elle ne se révèlera pas assez puissante pour leur type de moteur. Nous laissons la place à un gros bateau moteur qui arrive sur les lieux et qui finira par les dépanner. Bilan de l’opération, pour nous, de la casse, une batterie en moins (on espère bien qu’ils viendront dans les jours qui viennent à Toau nous la rendre), et 2 heures de retard sur notre programme déjà très serré.

On est fatigués, un peu démoralisés, on décide de mettre les turbos en s’aidant du moteur avec peu d’espoir, cependant, d’arriver avant la nuit à l’anse Amyot. Effectivement, malgré nos 6.5 nœuds de moyenne, il nous reste encore 8 milles à parcourir à 17h30. C’est alors que le moteur s’arrête brutalement. Très mauvais signe, il ne manquait plus que ça!!! Sans moteur, on ne peut plus faire grand-chose que de sortir des Tuamotus et regagner la pleine mer. Heureusement, Hicham détecte rapidement la cause de la panne. Un morceau d’isolement thermique dans le compartiment moteur est tombé sur la sortie d’air du moteur et l’a ‘étouffé’. Ce bon vieux moteur, de 30 ans d’âge, maintes fois retapé, repart, une fois débarrassé de cet isolant gênant.

On hésite encore pour entrer de nuit dans l’anse Amyot. On a une carte électronique détaillée, mais dans cette zone des Tuamotus, il faut se méfier des cartes et on a déjà eu des surprises avec notre routeur, naviguant à plusieurs reprises sur la terre ferme. On parvient à joindre par VHF sur le canal 16, un catamaran au mouillage dans l’anse qui nous donne les coordonnées GPS de l’entrée de l’anse et le cap à suivre ensuite. Ca correspond aux données de notre carte électronique. Par contre, mauvaise nouvelle, les feux d’alignement signalés sur notre carte ne fonctionnent pas. La nuit est noire, sans lune, on ne distingue absolument rien!! On décide de faire confiance à l’électronique et de rentrer dans l’anse. La passe est étroite, bordée de récifs, c’est chaud!!!

On a serré les fesses, et tout s’est bien passé. Nos nouveaux amis du catamaran nous attendaient en annexe et nous ont guidés jusqu’à une bouée et nous ont aidés à nous amarrer. Heureusement, qu’on a pu les contacter, sinon, on n’aurait jamais osé entrer dans cette anse et on aurait été bon pour une nouvelle nuit en mer.

Le bateau est quasi immobile. Après 2 mois dans les Marquises qui sont des îles soumises à de fortes houles et 5 jours de nav, on apprécie ce nouveau confort. Demain, Marwan ira à la plage tant désirée et méritée.