Gibraltar en vue
Planète Rouge II
Daniel CANTINEAU
Mon 2 Jul 2012 12:31
36:16.700 N
006:41.686 W
lundi 2 juillet 2012 13h40
Comme annoncé par les fichiers grib, depuis la
nuit de samedi à 240 Nm de Gibraltar jusqu'à ce lundi
matin, le vent à sérieusement forci à 23-25 kt précédé d'une élévation de
la houle puis la mer s'est levée et nous nous sommes fait un peu bastonner
jusqu'aux côtes portuguaises. Heureusement nous naviguions entre le bon plein et
le petit largue (entre 60 et 90° par rapport au vent) ce qui nous donnait des
lames de houle de travers ou léger arrière avec parfois des surfs grisants de
10-11 kt, record à 12,1.
La (mauvaise) plaisanterie à quand même
duré une trentaine d'heures et nous a tous un peu éprouvés. Le sommet des
lames qui déferlaient gentiment sur la crête traversaient parfois le bateau,
c'est à qui ne se laisserait pas surprendre. La houle ne dépassait pas 2,5
m mais pour cette valeur les creux font 5 m et c'est un peu
impressionnant de voir ce mur approcher, plus haut que la capote du
bateau qui docilement s'élève et subit l'embardée quand la
vague passe dessous.
Cerise sur le gateau, alors que nous approchions du
cabo Saõ Vicente, l'extrémité sud du Portugal, panne brutale du pilote, les
écrans de nav s'éteignent, Denis qui était à côté de la barre saute dessus pour
rattraper le bateau qui partait à l'abattée.
Tout le circuit de navigation a disjoncté. Après
diverses manipulations je parviens à remettre en service l'écran de nav esclave
et le pilote mais impossible de reconnecter en même temps le maître et
le pilote. Du coup GPS muet, plus de position, plus d'AIS (transpondeur) alors
qu'on approche du rail et que l'endroit fourmille de cargos - un cargo
coréen démesurément grand comme un immeuble de cinq étages et 200 m de
long aura même l'amabilité, alors qu'on était en route de collision à un
quart de mille, de se dérouter ce qu'ils font rarement bien qu'ils en aient
l'obligation saud dans leur rail, un voillier étant considéré comme une navire à
capacité de manoeuvre restreinte, je l'en remercie à la radio pour
perpétuer les bons usages -.
Je parviens à remettre en service le pilote mais il
faut choisir 'pilote' ou 'position'. On prend bien sur l'option pilote
car barrer à la main dans 25 kt de vent est assez physique, on devrait se
relayer toutes les deux heures et ce n'est que le début de la nuit. De plus le
vent de nord va s'accélerer à la rencontre du relief côtier.
Ca ne rate pas, pendant mon quart, le vent
s'établit à 30 kt rafales durables à 32 kt et je suis obligé de prendre le
troisième ris sur grand-voile et génois qui nous laisse une surface de toile
apparemment ridicule mais nous propulse quand même à 9kt (17km/h). En fait la
vitesse facilite le travail du pilote qui tout au long de notre traversée aura
bien bossé. Pour la position je remets en marche le petit ordi de réserve
et un moteur de GPS modulaire de secours branché en USB et on reporte la
position lue, sur l'écran de nav esclave qui affiche la cartogrphie après
transfert de cartouche de cartes. On fait donc cela toutes les
demi-heures la nuit.
A mesure que l'on passe sous le couvert du cap St
Vincent, la houle se calme et le vent fait de même, le bateau sèche et ce matin
à 10 heures sous le soleil et l'air doux annonçant la méditerranée, le GPS
accepter de refonctionner et toute la nav revient. Donc le GPS à plat pont
balayé par les vagues finit par se mouiller et devra être déplacé, on retire
toujours un enseignement de ses galères.
Ce matin, Martine qui m'a laissé dormir au delà de
mon heure de quart m'appelle, souriante, elle a renvoyé la toile, le bateau
marche bien, tout est parfait, elle est simplement génée par un petit chalutier
tirant son chalut, donc prioritaire qui n'est plus qu'à 100m, on abat un
peu pour lui faire de la place et un coup de trompe nous en
remercie.
Maintenant à 13h le vent est tombé, on est au
moteur, on sera à Gibraltar à 22-23h si le vent et le courant ne s'y opposent
pas. On a renonçé à faire escale à Malaga (Benalmadena) car celà fait perdre une
journée à nos joyeux lurons, Denis compte aller à Malaga en bus
pour prendre l'avion, ce qui sera plus rapide qu'en bateau.
Martine et moi continuerons vers Canet et Leucate,
si on fait une route directe cela nous prend 5 jours. Mais on fera surement une
ou deux escales pour se reposer. Avis aux équipiers qui voudraient nous
rejoindre sur les côtes espagnoles.
A bientôt,
Daniel
|