INFO PIRATERIE dans l océan Indien _ qu estions sur les ROUTES du TOUR DU MONDE

EtoileDeLune
nathalie & dominique cathala
Thu 10 Mar 2011 01:52
OBJET : la piraterie dans l'Océan Indien, un problème épineux pour les "tourdumondistes" !
Photos : cartes de la situation mondiale et particulière du golfe d'Aden

Bonjour,

J'ai été heureuse de faire avec vous le tour de l'île de Tahiti. Escale où nous nous sentons merveilleusement bien, où nous vivons sur l'eau sans arrière pensée, où nous nous baladons en toute quiétude à terre. Nous oublierions presque qu'ailleurs, sur notre belle planète, la vie de plaisancier n'est pas toujours sereine. Un tour du monde se mérite, et se "réfléchit".

Nous correspondons avec les amis marins qui sont actuellement dans l'Océan Indien avec le projet de rentrer cette année vers l'Europe. Au sein de cette flottille, le Voilier Pro's Per Aim est actuellement en Thaïlande. Il s'était inscrit dans un rallye (Vasco de Gamma) qui permet le passage délicat de la Somalie, dont la "mauvaise" publicité n'est plus à faire. Mais l'armée française surveille les listes des équipages qui s'inscrivent aux "convois" traversant cette zone. Les hauts responsables joignent les marins directement par mail et les dissuadent de s'aventurer dans le golfe d'Aden, invoquant, à force de détails, les actes de piratages qui ont lieu dans les parages. Guy et Isabelle de
Pro's Per Aim, ont eu la gentillesse de partager les échanges de courriers avec l'armée. Ils dressent un état des lieux précis. Ils ont également communiqué tout le déroulement de leur réflexion et ils ont aussi détaillé les diverses solutions proposées aux navigateurs qui tiennent à effectuer un tour du monde avec leur bateau et leur famille en toute sérénité. (voir leur site internet www.prosperaim.fr )

"L’activité des pirates s’est accrue ces dernières semaines. Une zone de plus en plus large, de plus en plus d’attaques, de plus en plus de violences.
Leur rayon d’activité ne cesse de s’étendre et la route vers La Réunion devient risquée. Début mars, nous avons rencontré à Langkawi (Malaisie), un skipper qui en arrivait et qui nous a dit qu’un bateau de commerce s’était fait attaquer à 50 milles de son voilier au niveau des Chagos. Il y a actuellement deux bateaux « mère » avec leur flotte de skiffs au nord de Madagascar et la marine française déconseille la navigation dans le canal du Mozambique.

L’officier avec lequel nous sommes en contact nous a dit qu’une trentaine de bateaux avaient été pris et que les Somaliens détiennent environ 650 otages dans leurs camps où toutes les violences sont permises en particulier sur les femmes.

Le 18 février, le QUEST, un voilier américain, a été piraté avec quatre personnes à bord. Un navire de guerre US a pu rejoindre le Quest et son escorte somalienne  pour négocier la libération des otages. Ces derniers ont été assassinés sauvagement par leurs bourreaux le 22 avant la fin de la discussion. Les pirates se sont rendus aux militaires américains et le chef a déclaré que, désormais les règles seront les suivantes :  « Toute tentative de libération des otages par la négociation ou la force se terminera par la mort des dits-otages. »

Le 24 février, un voilier danois (ING) a été pris avec à son bord une famille, les parents et trois enfants. Ils sont en route vers les camps somaliens.

Nous avons discuté ces jours derniers avec Quito qui convoie des voiliers pour une société de location. Il a fait le trajet entre la Méditerranée et la Malaisie 18 fois. Ou plutôt dix-huit fois et demie car il a arrêté son dernier convoyage à Aden.  Le catamaran a été acheminé à Langkawi par un autre skipper qui ne l’a fait qu’à la seule condition d’avoir à bord trois mercenaires armés jusques aux dents (lance roquette etc.). Quito a été attaqué une seule fois, il y a quelques années. Sous la menace d’une kalachnikov, il avait donné tout son argent liquide et du gasoil et s’en était tiré comme ça. Mais là il a préféré renoncer. Aujourd’hui, la piraterie n’est plus artisanale. C’est une mafia très organisée et très bien équipée qui « manage l’entreprise."
(extrait de leur courrier du 7 mars 2011)

Le bilan de 2010 et rapport détaillé de l'ICC (commercial crime service)

La situation dans le golfe d'Aden s'aggrave de mois en mois. Le dernier bilan compte en 2010, 1181 marins pris en otage dont huit ont été tués. Le nombre d'attaques sur navire est de 445, avec 53 bateaux effectivement arraisonnés. Ce chiffre est en hausse de 10% par rapport au bilan de 2009 où 1050 marins ont été capturés. Par contre, si l'on compare ces chiffres avec l'année 2006, la hausse est drastique, car cette année-là 188 membres d'équipage avaient été pris en otage. 92% des attaques proviennent de pirates somaliens. Au 31 décembre 2010, 28 navires et 638 otages étaient incarcérés dans les camps de Somalie. La différence entre le nombre de tentatives d'attaque et le nombre de piratages réels est due à la présence de navires de guerre internationaux, et au couloir "sécurisé" qu'ils établissent. Néanmoins, les pirates gagnent du terrain d'année en année.

La situation en 2011
Voici un extrait de la chambre des commerces internationale daté du 8 mars 2011
"So far in 2011, 13 vessels have been hijacked by suspected Somali pirates, with a total of 243 crewmembers taken hostage. In addition, six crew were kidnapped from a vessel that was hijacked and then left adrift in the Indian Ocean. Of most concern, however, are the seven murders committed by Somali pirates- three of which were crew on board the hijacked Beluga Nomination.
"
(Depuis janvier 2011, 13 navires ont été arraisonnés, par des pirates somaliens. 243 membres d'équipage ont été pris en otage. Six membres d'équipage ont été kidnappés et laissés à la dérive dans l'océan indien. Sur les sept meurtres commis par les pirates somaliens, trois d'entre eux ont été exécuté sur le navire "Beluga Nomination".)

Bonne Esperance pour les tourdumondistes

Afin d'éviter les problèmes en périphérie de la mer Rouge, une majorité de bateaux décident de passer par le cap de Bonne Espérance. Solution qui jusqu'ici semble encore gérable puisque touchant le nord de Madagascar, les bateaux traversent le détroit du Mozambique, pour tracer une route en sauts de puces vers Bonne Espérance. Cette route comporterait moins de risques de piratages en mer (mais un risque croissant depuis 5 ans). Depuis l'Indonésie, il convient également de ne plus naviguer vers les Chagos, mais plus au sud. Dès que l'on quitte Madagascar, vers le continent africain, les sauts de puce sont nécessaires afin de ne pas avoir à effectuer, entre Réunion et Bonne Espérance, une navigation de 1500 milles égrenée par des coups de vent récurrents au sud de Madagascar (l'autre surnom de Bonne Espérance est "le cap des tempêtes"). En bref, les navigateurs sont pris en "sandwich" entre le mauvais temps et les pirates!

Bémol sur la route de Bonne Espérance


Malheureusement, les nouvelles que nous recevons du Voilier Pro's Per Aim, et les recherches effectuées auprès des compagnies commerciales, sont alarmantes. Elles donnent un périmètre de risque qui s'étendrait à l'extrême nord du détroit du Mozambique. Toute fin 2010 deux bateaux de pêche ont été arraisonnés, dans le détroit et au Nord de Madagascar. L'avenir nous dira si ces attaques augurent d'un agrandissement du territoire des pirates qui jusque-là restaient plutôt actifs au nord de cette zone, ne dépassant pas le sud des Seychelles.  (voir en fin de messages les cartes localisant tous les incidents)

Incompréhension...


J'ai du mal à imaginer que les autorités mondiales, ce qu'on appelle "politiquement" les "grandes puissances" laissent un quart d'océan aux mains de pirates. Comment se peut-il qu'il n'y ait aucune solution? Pourquoi laisser entraver le transport maritime mondial aux abords du canal de Suez ? (L'un des points stratégiques de notre planète après Panama)

En attendant qu'un changement positif intervienne dans cette région, nous, les marins sur petits bateaux, nous ne pouvons plus jouer à la roulette russe en nous aventurant dans ce canal miné.

Des solutions à envisager avec sérieux, d'autres à inventer :
- Utiliser la route Indonésie-Réunion (passant très au sud des Chagos) puis nord Madagascar et continent africain jusqu'à Cape Town
- Trouver d'autres routes, par le Horn? Le passage du Nord Ouest ?
- Attendre en Malaisie, Indonésie qu'une solution soit trouvée au problème et que la route s'ouvre à nouveau?
- Le convoyage de nos bateaux par cargo? (prix du convoyage 750 dollars le pied)
- La vente du bateau dans l'océan indien et poursuivre sur un autre ailleurs?

... L'imagination de chacun est mise à profit, et le partage d'informations entre les gens de mer est plus indispensable que jamais.
Pour toute information que les amis marins voudraient communiquer, passez par le Site Internet www.etoiledelune.net, je m'engage à partager tout ce qui sera utile aux navigateurs dans ce blog.

Conclusion et espoirs...
Nous avons tous en tête l'image de la grande boucle, et une écorchure à ce rêve fait mal. Mais la question à poser relève de la vie ou de la mort. Ainsi, espérons que des solutions se mettent en place afin de laisser encore la place à la découverte de notre belle planète.

Sites à visiter pour approfondir le sujet :

Le 8 mars, une lettre
de la chambre des commerces internationale a été envoyée à tous les gouvernements concernés, avec un plan de solutions en six points. Espérons que celle-ci ne reste pas lettre morte : http://www.icc-ccs.org/news/436-imb-adds-its-voice-to-calls-for-further-action-to-curb-somali-piracy)

Voici l'adresse d'un site internet à garder précieusement :
 www.icc-ccs.org
Il vous donne la situation sur le piratage mondial en temps en réel

Autre site à garder à l'oeil :
http://www.shipping.nato.int/CounterPir
Le "Nato" donne heure par heure la situation dans la zone, décrivant les attaques et suspicions d'attaque.

Amitiés marines
Nat et Dom
www.etoiledelune.net

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