TAHITI_tour de lile_description générale_é pisode 1

EtoileDeLune
nathalie & dominique cathala
Mon 24 Jan 2011 04:20
Bonjour,

Nous vous emmenons pour un tour en épisodes de Tahiti.

Description générale de Tahiti


Tahiti, est l'île principale de la Polynésie française. Elle fait partie des îles du vent de l'archipel de la Société.  la plus grande par la taille, soit 1042 km², la plus haute par ses sommets, avec un point culminant à 2 241 mètres pour le mont Orohena, la plus densément peuplée avec ses 180 000 habitants (sur 260 000 pour toute la Polynésie). Les nouveaux venus ne cessent d'affluer, en 15 ans, la population a gonflé de 100 000 nouvelles âmes.

Parmi celles-ci on ne trouve pas seulement des nouveaux nés, mais plutôt des fonctionnaires, essentiellement basés sur Tahiti et Raiatea, attirés par l'indexation de leurs retraites. Jusqu'en 2009, le salaire et les retraites des employés de la fonction publique étaient multipliés par un ratio de 1,8. De quoi, passer dans un climat idyllique et une ambiance particulièrement affable, ses années d'après-boulot.  Les retraités d'après 2010 ne seront plus indexés, mais les anciens gardent leurs acquis (voyages en métropole, une fois par an, offert par l'Etat... ) et des niveaux de rémunération capables d'éponger un coût de vie insensé! Cela dit, cet aspect de l'économie n'est pas l'apanage de la belle Tahiti. Toute la Polynésie agonise sous le joug d'un fonctionnement économique fantaisiste. Les Polynésiens se plaignent de ne pas voir le bout de la crise. Comment en serait-il autrement? Les prix démentiels des produits tous issus de l'importation, l'économie fictive puisque la production est infinitésimale, sont les socles défaillants de toute la structure... Saviez-vous que « The Economist » a mesuré que la Polynésie était le pays le plus subventionné au monde?

Je m'égare, il vaut mieux rester sur les belles mensurations géographiques de la si pimpante Tahiti et en faire le tour, les yeux écarquillés sur ses atours qu'elle partage sans compter avec l'étranger. 

La route côtière ne titre pas plus de 114 kilomètres. Les routes adjacentes sont des servitudes ou de petites pistes qui ne s'enfoncent guère loin dans les vallées. Ainsi, si le pourtour de l'île est très peuplé avec une concentration importante pour la ville de Papeete et ses agglomérations voisines, l'intérieur de l'île est vierge. Seule une piste la traverse de part en part, et encore n'est-elle actuellement praticable que sur la moitié du trajet. Un propriétaire terrien ne consentant plus à laisser les 4*4 touristiques emprunter ses pistes. Ici, plus que nulle part ailleurs, le problème du foncier est chronique. Les terrains appartenant soit à des familles de chefs ancestraux, ou au domaine public. Une composante dont les étrangers se tiennent à l'écart, pour maintenir des relations courtoises avec tous.

Tahiti constitue non, une seule île, mais deux. Tahiti Nui, où se situe Papeete, elle est encerclée d'un cordon routier. Et, Tahiti Hiti, aussi nommée, la presqu'île, séparée de sa grande soeur par un isthme, elle ne dispose pas d'une route en faisant le tour. Celle-ci s'arrêtant côté Est à Tautira, et côté ouest dans le plus célèbre spot de surf du coin qu'est Teahupoo. Le point culminant de la presqu'île est le mont Roonui avec ses 1332 mètres. La presqu'île réserve en son sein de merveilleuses surprises que je vous dévoilerai lors de l'épisode qui lui sera consacré.

Tahiti est une île à trois vitesses. Celle trépidante de Papeete qui concentre toute l'activité économique de l'archipel. Celle plus posée, mais néanmoins active des villes côtières de Tahiti Nui, et enfin celle, plus authentiquement lente de Tahiti Hiti. A ce tableau, n'allez pas croire que Tahiti est une île stressante. Loin de là.

Nous y trouvons une ambiance cordiale, où même dans les rues de Papeete, les jeunes gens saluent l'étranger d'un sourire, d'un « Ia ora na » ou d'un très respectueux « bonjour Madame, bonjour Monsieur ». Malgré des bouchons dont les Tahitiens se plaignent, les voitures s'arrêtent pour laisser passer les piétons. Ici, le véhicule si gros soit-il perché sur ses grosses roues est respectueux. Peu de klaxons, peu de décibels en boum-boum-boum qui font sauter les artères...

En dehors des zones urbaines, la nature prend le dessus. La végétation est prolixe : fleurs, arbres fruitiers, grands arbres... Le climat humide en alternance avec la chaleur du soleil est idéal pour que tout pousse à profusion. Une richesse difficile à imaginer. Pour autant, les fruits et légumes vendus par les petits producteurs sont vendus au prix polynésien. Pas de mesure dans l'excès : 3 petits melons pour 10 euros, 1 pastèque pour 10 euros, 6 bananes pour 3 euros (au Panama, le régime entier valait 3 dollars!)

Tout autour des villes, le vert est la couleur dominante. Les routes qui s'échappent du cordon côtier ne mènent pas loin, les vallées escarpées refusent de s'urbaniser, les sentiers sont rudes à ceux qui s'y aventurent. Le coeur de l'île préserve sa virginité. Hors de portée, certaines zones se parent de mystère. Elles font travailler l'imagination : « comment les ancêtres s'y prenaient-ils? Avec des moyens de l'âge de pierre, ils avaient conquis toute l'île, même l'intérieur. A présent, nos bulldozers sont incapables d'y créer des routes.  Tant mieux!»

Nombreuses crêtes qui séparent les vallées restent inviolées, elles décroissent en pentes douces vers le rivage, plongent leurs bras accores vers le lagon, là se mélangent les verts profonds de la forêt dense et les couleurs « agua »  si translucides, si étincelantes. De l'obscure au lumineux, il n'y a qu'un pas.

Seul bémol pour les visiteurs étrangers, curieux de faire le tour de l'île. Les locations de voitures sont exorbitantes (environ 100 euros).Cette somme est pour une seule journée, sans le carburant, mais avec un kilométrage illimité. Je vais faire ma « mauvaise langue », mais vu qu'en 114 km le tour de l'île est fait et qu'il n'y a pas d'autre route, les loueurs ne prennent pas de risque!

Autre petit désagrément, la signalisation est plutôt laconique. La plupart des villages n'ont aucun panneau à l'entrée, ni à la sortie de la zone urbaine. Des bornes kilométriques sont parfois présentes, ainsi pour s'y retrouver, nous disposons d'indications en PK, point kilométrique dont le zéro se situe au centre de Papeete.

Les guides parlent ainsi : « au PK 5 vous trouverez le cimetière où est enterrée la famille royale Pomare ». Vigilance donc, pour ne pas rater les curiosités, soit ledit cimetière, la mairie d'Arue et son caractère colonial, la maison de James Hall, l'écrivain des révoltés du Bounty, ... le musée des îles (très intéressant), et le jardin botanique. Hors de Papeete qui compte un temple kanti, des églises, le musée de la Perle (en réalité une bijouterie de luxe), son marché... on ne peut pas dire que Tahiti regorge de curiosités culturelles! L'intérêt du tour de l'île ne se trouve pas à ce niveau, mais plutôt dans son caractère affable, ses paysages fantasmagoriques, et ses cascades. Il suffit de lever les yeux vers la montagne, de diriger son regard fureteur au creux des vallées pour dénicher des cataractes à multiples bassins et rebonds.

Mais du tour de l'île ce qui reste, c'est une impression générale extrêmement positive. Une douceur de vivre, dans un cadre majestueux, foisonnant de vallées qui inspirent un lyrisme magnanime.

La preuve en est : le nombre de navigateurs, voyageurs, scientifiques qui nous laissent depuis le dix-huitième siècle une somme d'écrits tous plus inspirés les uns que les autres. Qui n'a pas parcouru les carnets de voyage de Cook? Les plus intéressants parmi toute cette prose. Pour l'heure, je vous laisse en post-scriptum, un extrait du journal du vice-amiral Julien de la Gravière, il découvre Tahiti, et immédiatement, son charme l'envoûte...

A plus, pour le premier épisode du tour de Tahiti...
Nat et Dom
www.etoiledelune.net

« Le 4 juillet 1850, nous quittâmes avec joie la rade d'Honoloulou. Nous n'avions plus qu'une île à visiter dans l'océan Pacifique ; mais cette île était Taïti. Située à huit cents lieues de l'archipel des Sandwich, entre le 17e et le 18e degré de latitude méridionale, la reine de l'Océanie, après vingt-huit jours de traversée, se montre enfin à nos regards. Ses sommets couronnés d'une verdure éternelle, ses rivages bordés de forêts de palmiers, au pied desquels le flot blanchissant vient mugir, n'ont pas trompé notre attente. Au milieu des pics qu'il domine, un piton plus hardi dessine sur l'azur du ciel cinq fleurons de basalte ; c'est le Diadème, dont le massif sépare la vallée de Papenoo de celle de Faiaoua. Groupées autour de ce géant qui veille sur la vallée sainte, de nombreuses collines s'abaissent doucement vers la plage; la rive s'arrondit comme une coupe d'agate qu'un bras invisible élèverait au-dessus des flots; le récif qui la protège s'infléchit avec elle. L'oeil suit complaisamment la mollesse de ces beaux contours et la frange d'écume qui les borde. Prêtez l'oreille, vous entendrez le bruit sourd de la vague qui vient se briser sur les madrépores et retombe incessamment dans l'abîme. Ne dirait-on pas l'aboiement irrité d'un cerbère, menace encore lointaine que le vent apporte au navire ? N'approchez qu'avec précaution de ces bords enchantés ; craignez l'écueil qui se cache sous ces eaux si bleues et en apparence si profondes. Attendez, pour serrer de plus près la côte, que vous ayez doublé la pointe Vénus et que les cocotiers de Matavaï balancent leur tête au-dessus du frais canal qu'ils ombragent. Vos yeux cherchent avec impatience l'entrée du port: si une main amie ne vous la signale, vous essayerez probablement en vain de la découvrir. Au milieu du tumulte des brisants, n'apercevez-vous pas ce sillon immobile où le calme des cieux se reflète ? C'est la passe de Papeïti. »
Julien de la Gravière (Vice-amiral), Voyage en Chine pendant les années 1847-1848-1849-1850, 1864, Chapitre XIX,Taïti

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