Panama_alerte au tsunami_navigation pour Bayoneta_125

EtoileDeLune
nathalie & dominique cathala
Sat 27 Feb 2010 22:31
08:29.41N 079:02.49W

Objet : Navigation au large, en attente que l'alerte du tsunami soit levée

Bonjour,

Ce matin du 27 février, nous apprenons par la radio du Réseau du Capitaine qu'un important séisme a secoué le Chili. Qu'à la suite de cette catastrophe, huit vagues s'échappent de la côte du Chili et s'étendent au travers de tout l'océan Pacifique. Sur le coup, je pense plus à une famille amie récemment émigrée au Chili qu'à nous! Mais André, l'un des capitaines du réseau me détrompe en confirmant que l'alerte concerne aussi le Panama. L'heure de passage des vagues est prévue pour 13H30 TU, il est 13H TU.

En un rien de temps, nous levons l'ancre, pour le large. La trentaine d'équipages du «Blue Water Rallye» régatent déjà sur l'horizon, nous les écoutons en VHF sur le canal 72. L'un des bateaux est resté coincé au mouillage, malheureusement pour lui, c'est marée basse, et il est prisonnier des rochers et de la plage. Pendant toute la matinée, nous entendons les bateaux communiquer avec ce malchanceux. Et délivrer des informations concernant l'onde qui va frapper, supposément les côtes du Panama. Nous apprenons que les Galapagos ont vu une vague de 1,2 mètre. Ce ratio nous rassure. Mais il alarme le mouss' du bateau échoué. Les vagues des tsunamis sont réputées passer à des vitesses records. L'eau dans un premier temps se retire très rapidement, puis à plus de 100km/heures, la première vague fonce sur la côte. En général, la première vague n'est pas la plus haute!

Nous suivons l'évolution du sauvetage du bateau échoué, au rythme de la marée qui remonte, nous entendons les voix se rassurer, et finalement trouver le chemin vers une flottaison salvatrice.

Pour nous, c'est une belle journée en mer, le vent léger, la mer comme un lac, nous guettons l'eau à la recherche d'une vague. Puis nous espérons un peu d'animation avec l'espoir de voir nos amis les dauphins. Tant que le vent est de la partie, les risettes du capitaine sont de mise. Et oui! Il ne faut pas gaspiller notre gasoil! Nous avons une belle réserve à bord (des réservoirs de 850 litres), mais nous savons que la route vers les Galapagos sera gourmande, nous ne désirons pas, même pour «les beaux yeux» d'un tsunami gaspiller notre réserve!

Sur le 72, vers 11heures, le chef de file du Blue Water Rallye lève l'alerte. Tout le monde rentre au mouillage. Nous nous faufilons entre Cantadora et Chapera. Les fonds remontent... et à ce moment précis, une autre alerte vient démentir le fait que le risque de tsunami est terminé !

Ben, voyons! Nous voilà entre les hauts fonds au plus mauvais moment!

Un contact avec André, sur le réseau du Capitaine était prévu pour 12Heures locale, lui aussi me certifie qu'il vaut mieux rester encore au large. Nous avons traversé l'archipel de part en part. Notre première veille s'effectuant sur le côté ouest des Perlas, nous continuerons notre vigilance côté est.

Vers 13H30, nous observons effectivement une ondulation singulière de l'eau, deux grosses vagues rondes qui avancent vite sur les hauts fonds. Est-ce ça ? Difficile à déterminer, nous sommes loin et sous notre bateau, nous n'observons pas de changement, nous sommes en eau profonde.

Le vent nous lâche. La progression au moteur vers l'île de Bayoneta qui n'est pourtant qu'à 15 milles de notre position est laborieuse. Nous rencontrons un courant contraire particulièrement important. Lorsque nous serons au mouillage, Dom en allant se rafraîchir dans l'eau doit rester accroché à l'échelle de bain, il serait incapable de contrer le courant à la nage. Les divers avis, reçus par courriels nous informent que ce courant est dû aux conditions de tsunami. Même lorsque nous ne voyons pas LA vague, le courant ne doit pas être sous-estimé, surtout par les nageurs!

Nous arrivons finalement sous le vent de Isla Bayoneta. Il fait extrêmement chaud. Pas d'air, 32 degrés, le ciel se voile et devient opaque. Nous choisissons de ne pas entrer dans le mouillage, nous sommes à marée haute. Nous attendons la marée basse de demain matin pour nous repositionner, il y a des cailloux submergés à marée haute et aux Perlas ce n'est pas tout à fait comme aux San Blas, les eaux opaques et l'absence de récifs rendent impossible le repérage de roches, belles et bien présentes.

Nous sommes à l'ancre, au coeur d'un chapelet d'îlots, et je défie toute vague de passer par-dessus, car les îlots des perlas sont relativement «montagneux», pas de hautes hautes montagnes! mais assez pour arrêter le vilain gros méchant tsunami...

Cette journée fut un bon entraînement de mise en alerte et de prise de conscience du phénomène du tsunami. Merci, les capitaines du Réseau (14 118HKZ) pour votre présence et votre vigilance, c'est incomparable comme aide.
Du fond du coeur un gros merci.

A plus pour des nouvelles du bord
Nat et Dom
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